L'humidité ascensionnelle, ou remontée capillaire, est un fléau majeur pour de nombreux bâtiments. Ce phénomène, caractérisé par la migration d'eau du sol vers les murs par capillarité, cause des dommages structurels importants, favorise le développement de moisissures et de salpêtre, et impacte négativement la santé des occupants. Ce guide complet explore les causes, les conséquences et surtout, les solutions efficaces pour combattre durablement ce problème, en particulier dans le secteur de l'immobilier.
Diagnostic précis : identifier la source de l'humidité
Avant toute intervention, un diagnostic précis est primordial. Il permet d'identifier la nature, l'étendue et l'origine de l'humidité. Plusieurs techniques complémentaires sont souvent nécessaires pour un résultat fiable et complet. Un diagnostic erroné peut conduire à des travaux inutiles et coûteux.
Méthodes de diagnostic d'humidité
Plusieurs méthodes existent, chacune offrant des avantages et des inconvénients en termes de coût, de précision et d'invasivité. Il est souvent judicieux de combiner plusieurs techniques pour une évaluation optimale.
- Hygrométrie: Mesure le taux d'humidité relative de l'air et, avec des sondes spécifiques, le taux d'humidité dans les matériaux. Coût : Faible à moyen. Précision : Moyenne à élevée, selon l'équipement.
- Thermographie infrarouge: Détecte les variations de température superficielle révélatrices de la présence d'humidité. Coût : Moyen à élevé. Précision : Bonne, mais dépend des conditions environnementales.
- Carottage: Prélèvement d'échantillons de matériaux pour analyse en laboratoire. Coût : Élevé. Précision : Très élevée, offre une analyse précise de l'état du matériau.
- Tests de porosité: Évaluation de la capacité d'absorption d'eau des matériaux. Coût : Faible à moyen. Précision : Moyenne, utile pour déterminer la perméabilité des murs.
- Humidimétrie: Utilisation de sondes pour mesurer le taux d'humidité directement à l'intérieur des matériaux. Coût: Moyen. Précision: Elevée, permet de localiser avec précision les zones humides.
Identification des points faibles et causes potentielles
Un diagnostic complet inclut l'identification des causes potentielles de la remontée d'humidité. Ceci peut inclure : des fissures dans les fondations (jusqu'à 2 mm de large), des défauts d'étanchéité aux niveaux des joints, une mauvaise ventilation, l'absence d'un écran anti-humidité, un drainage insuffisant, l'utilisation de matériaux poreux (anciens enduits, briques non traitées), des problèmes d'infiltration d'eau de pluie, et une pression hydrostatique excessive. Une inspection visuelle attentive, couplée aux données des tests d'humidité, est essentielle.
Voici une checklist exhaustive pour une inspection minutieuse :
- Inspection visuelle des murs intérieurs et extérieurs à la recherche de fissures, de taches d'humidité, de cloquages de peinture, ou de moisissures.
- Évaluation de l'état des joints et des revêtements (enduit, crépi, peinture).
- Vérification du système de drainage des eaux pluviales et du drainage périphérique.
- Analyse du type de matériaux de construction utilisés (âge, composition, porosité).
- Examen de l'état des fondations et de leur étanchéité.
- Recherche d'infiltrations d'eau de pluie au niveau de la toiture, des chéneaux, des fenêtres et des balcons.
Solutions techniques efficaces contre l'humidité ascensionnelle
Le choix de la solution la plus adaptée dépend du diagnostic, du type de bâtiment, du budget, et de l'étendue des dégâts. Certaines solutions sont curatives (traitement du problème existant), tandis que d'autres sont préventives (pour éviter de futurs problèmes).
Solutions curatives : traiter l'humidité existante
Injection de résine : une solution courante et efficace
L'injection de résine est une technique répandue et souvent efficace pour traiter les remontées capillaires. Des trous sont percés dans les murs à intervalles réguliers (environ 10 à 15 cm), et une résine hydrophobe ou expansive est injectée sous pression. La résine imprègne les matériaux poreux, créant une barrière étanche qui bloque la montée de l'eau. La résine hydrophobe réduit l'absorption d'eau tandis que la résine expansive comble les fissures microscopiques.
Coût approximatif : 20 à 50 €/ml, selon la complexité, la hauteur des murs et le type de résine. Durée de vie : 15 à 20 ans (voire plus avec un entretien régulier) . Impact environnemental : Faible avec l’utilisation de résines écologiques. Invasivité : Faible, trous de petite taille facilement masqués.
Drainage périphérique : évacuer l'eau du sol
Le drainage périphérique consiste à créer un système de drainage autour des fondations pour évacuer l'eau du sol et prévenir les remontées capillaires. Ceci implique souvent des travaux de terrassement et l'installation de drains perforés, de gravier et de géotextile. Il existe deux types principaux : le drainage français (canal drainant rempli de gravier) et le drainage anglais (tuyaux perforés). L'efficacité dépend de la conception du système et de la qualité de son installation.
Coût approximatif : 1500 à 5000 € (ou plus), selon la taille du bâtiment et la nature des travaux. Durée de vie : Longue avec un entretien régulier. Impact environnemental : Faible à moyen, selon les matériaux utilisés. Invasivité : Moyenne à élevée, travaux de terrassement nécessaires.
Coupage du capillaire : une solution radicale
Le coupage du capillaire consiste à créer une barrière physique interrompant la remontée capillaire. Cette solution est invasive, exigeant des travaux importants (démolition partielle du mur, pose d'une membrane étanche, reconstruction). Elle est généralement réservée aux cas les plus graves où les autres solutions se révèlent inefficaces. C’est une solution définitive.
Coût approximatif : Très élevé, à partir de 5000 € et peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros. Durée de vie : Indéfinie. Impact environnemental : Peut être élevé selon les matériaux utilisés. Invasivité : Très élevée.
Assèchement électro-osmotique : une technologie avancée
L'assèchement électro-osmotique utilise un champ électrique pour repousser les molécules d'eau du sol vers l'extérieur du bâtiment. Des électrodes sont installées dans le mur, créant un courant qui modifie le mouvement de l'eau. Cette technique est efficace mais coûteuse, nécessitant une expertise spécialisée.
Coût approximatif : Élevé, à partir de 3000 €. Durée de vie : Variable, selon l'entretien. Impact environnemental : Faible. Invasivité : Moyenne.
Assèchement par déshumidification : solution complémentaire
Les déshumidificateurs sont utiles comme solution complémentaire aux méthodes curatives ou préventives, réduisant le taux d'humidité de l'air ambiant et limitant ainsi les dégâts. Ils ne traitent pas la source de l’humidité mais limitent les conséquences.
Coût approximatif : Variable selon la capacité du déshumidificateur et sa durée d’utilisation. Durée de vie : Variable selon l’utilisation. Impact environnemental : Faible, dépendant de la consommation énergétique.
Solutions préventives : éviter les problèmes d'humidité
Choix des matériaux : priorité aux matériaux hydrofuges
Lors de la construction ou de la rénovation, privilégiez les matériaux hydrofuges ou à faible perméabilité à l'eau, notamment pour les fondations et les murs. Le béton hydrofuge, les enduits spéciaux, et les briques traitées offrent une meilleure protection contre l'humidité. L'utilisation de peintures respirantes permet une meilleure régulation de l'humidité intérieure.
Mise en place d'un écran anti-humidité : une barrière imperméable
L'intégration d'un écran anti-humidité est une mesure préventive essentielle. Il s'agit d'une membrane imperméable placée entre les fondations et les murs, empêchant la remontée capillaire. Plusieurs types d'écrans existent : polyéthylène, bitume, membranes synthétiques. Le choix dépend des conditions spécifiques du projet. Une installation soignée est primordiale pour son efficacité.
Gestion de l'humidité du sol : drainage et évacuation des eaux
Un bon drainage du sol autour du bâtiment est essentiel pour éviter l'accumulation d'eau et minimiser les risques de remontée capillaire. Ceci inclut une pente adéquate du terrain, un système d'évacuation des eaux pluviales efficace, et une gestion appropriée de l'eau souterraine. Un drainage périphérique bien conçu est vital.
Aspects pratiques et réglementaires
Choix d'un professionnel certifié
Faire appel à un professionnel qualifié est crucial. Recherchez des professionnels certifiés (RGE, etc.) ayant une expérience avérée dans le traitement de l'humidité ascensionnelle. Demandez plusieurs devis détaillés, comparez les offres, et vérifiez les références et les garanties proposées. Une garantie décennale est impérative pour les travaux importants.
Devis et financement des travaux
Les coûts varient considérablement selon la solution choisie et l'ampleur des travaux. Demandez des devis détaillés incluant le coût des matériaux, de la main-d'œuvre, et des éventuels travaux annexes. Renseignez-vous sur les possibilités de financement (aides financières, subventions, prêts à taux avantageux) disponibles dans votre région.
Réglementation et conformité
Les travaux d'assèchement sont soumis à la réglementation en vigueur. Informez-vous auprès des autorités compétentes sur les permis de construire ou les déclarations préalables nécessaires, les normes à respecter, et les obligations en matière de sécurité.